Tombstone, Bisbee et la Route 80 : le vrai Far West de l’Arizona

Le cliché stéréotypé du Far West, c’est en Arizona, près de la frontière mexicaine, que vous le trouverez. Au sud de Tucson, la Route 80 vous emmène à la découverte des anciennes villes minières de Bisbee et Tombstone, qui semble figées dans le temps. Des destinations aujourd’hui très touristiques, mais avec de bonnes adresses, des saloons où tout le monde semble jouer le jeu, et une bonne ambiance. Le Sud de l’Arizona, vous le verrez, réserve de belles surprises !

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La Route 80 et ses vestiges du Wild West

Après avoir passé la nuit à El Paso au Texas, nous empruntons la Route 9 pour retrouver l’Arizona. Une longue ligne droite, avec à notre gauche le fameux « mur de Trump » (et pas mal de présence policière), et de l’autre… rien du tout. Cette route désertique nous permet de rejoindre la fameuse Route 80, une route historique qui traversait autrefois, comme la Route 66, les USA de part en part.

Nous montons sur celle-ci à la frontière entre l’Arizona et le Nouveau-Mexique, où se trouve d’ailleurs un petit musée dédié à la région, le Chiricahua Desert Museum.

Mais c’est surtout à partir de Douglas que la route devient intéressante. Le tronçon de la Route 80 entre Douglas et Benson vous transportera littéralement à l’époque du « Wild West ». Tombstone et Bisbee sont les destinations les plus connues, mais les possibilités d’exploration ne manquent pas. C’est une (longue) excursion possible au départ de Tucson, mais c’est mieux d’y passer au moins une nuit, comme nous l’avons fait.

Même si nous nous sommes « contentés » de suivre la Route 80, vous pouvez également combiner les visites dont je vais vous parler ci-dessous avec celle du Chiricahua National Monument, un petit parc connu pour ses formations rocheuses impressionnantes. Cela rajoute tout de même pas mal de route puisque la route d’accès est un cul-de-sac. Ca sera pour une prochaine fois !

Douglas et l’historique Gadsden Hotel 

Tout comme El Paso, Douglas est une ville-frontière. Mais on se rend encore moins compte ici que le Mexique se trouve littéralement au coin de la rue ! Douglas est souvent oubliée des touristes, même si elle a un côté très « Americana », très photogénique.

Je voulais surtout m’y arrêter pour aller faire un tour à l’hôtel historique de la ville, The Gadsden Hotel (où j’aurais je l’avoue bien passé la nuit si on avait eu un peu plus de temps !). Cet hôtel de 1907, aujourd’hui classé, est surtout connu pour ses splendides vitraux de style Tiffany représentant le désert du sud-ouest américain, installés au dessus de son monumental escalier en marbre italien. Même si vous n’y loger pas, vous pouvez sans problème aller y jeter un oeil.

Si vous comptez y loger, sachez que l’hôtel est réputé comme hanté (vous allez voir qu’en Arizona, les fantômes ont l’air particulièrement actifs…). Sa chambre 333 est d’ailleurs apparue dans plusieurs épisodes de chasseurs de fantôme à la télévision. L’hôtel possède aussi une petite taverne, où on peut se restaurer ou boire un verre. Voir plus de photos de l’hôtel ici.

Remonter le temps à Lowell

Nous reprenons la route en direction de la région des mines. Au sud de Bisbee, nous voici tout d’abord à Lowell, où il n’y a que deux choses à voir, mais pas des moindres pour les amateurs de rétro.

Notre premier arrêt est le Shady Dell, un « Trailer Court » où il est possible de dormir dans des motorhomes et Airstream vintage qui semblent tout droit surgir des années 50 ! Tout a été pensé dans les moindres détails pour vous faire croire que vous avez réellement réellement remonté le temps.

Et même si vous ne logez pas sur place (avec la chaleur, je ne suis pas trop sur du confort de ces mobilhomes, même si le Tiki Bus me tentait bien !), vous pouvez comme nous l’avons fait vous y balader et aller manger au Dot’s Diner, leur petit diner typique. On y a mangé de bons burgers, avec une playlist de circonstance. 

Une fois repus, nous poursuivons la visite de Lowell un peu plus loin, sur Erie Street, la rue commerçante historique de Lowell qui a été volontairement figée dans le temps. C’est assez unique, encore plus lorsque l’on s’y retouve seuls, comme ça a été notre cas.

Cette rue est le seul vestige de l’époque où Bisbee était une ville minière aussi importante que sa voisine Bisbee. Mais la ville d’origine a été en bonne partie « mangée » dans les années 50 par l’expansion de la mine à ciel ouvert du Lavender Pit, que l’on peut voir sur la gauche du chemin entre Lowell et Bisbee.

Dans l’ancienne mine de Bisbee

Quelques minutes plus tard, nous voici dans l’ancienne ville minière de Bisbee, qui est devenue aujourd’hui une destination très « hipster » (peut-être un peu trop quand on voit les prix des magasins vintage !).

Au début du 20ème siècle, Bisbee s’est développée rapidement grâce à ses mines de cuivre. Elle fut même à un moment l’une des plus grandes villes de l’Ouest, ce qui lui valu aussi d’accueillir le tout premier terrain de baseball du pays !

Dans les années 70, lorsque la dernière mine a fermé, la ville aurait pu devenir comme beaucoup d’autres « boom towns » similaires une ville-fantôme. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un public en quête d’un mode de vie différent. Hippies, artistes et personnalités hors-norme s’y sont installées, permettant à la ville d’être toujours très prisée aujourd’hui.

Le vieux centre historique de Bisbee, Bisbee Old Town, avec ses maisons victoriennes, mérite une balade. On y trouve pas mal de bonnes adresses pour boire un verre (comme le St Elmo Bar, plus ancien bar d’Arizona), manger ou faire du shopping, ainsi qu’un petit musée (le Bisbee Mining & Historical Museum). Vous y trouverez aussi plusieurs hôtels historiques, dont le Bisbee Grand Hotel (récemment rénové) et The Inn at Castle Rock. Mais le plus connu est le Copper Queen Hotel, autrefois fréquenté par John Wayne, et qui aurait aussi son lot de fantômes. D’ailleurs, des ghosts tours sont organisés chaque soir.

Mais l’attraction touristique principale de la ville, c’est le Queen Mine Tour, une visite en petit train dans les profondeurs d’une des anciennes mines de cuivre de Bisbee. On avait déjà fait une visite de ce genre au Canada, mais j’ai trouvé cette visite encore plus intéressante. Notamment car c’était un ancien de la mine (qui avait beaucoup d’humour) qui nous a fait la visite, nous expliquant de manière très pédagogique comment ces mines fonctionnaient.

Même si la visite est en anglais, je pense que c’est assez simple à suivre. Attention, les réservations sont obligatoires (parfois plusieurs jours à l’avance) et il faut absolument des chaussures fermées et plates (on vous fournit le reste de l’équipement de sécurité nécessaire).

Pour en découvrir plus sur l’histoire de Bisbee, des visites guidées de la ville en voiturette électrique sont également possibles.

Tombstone, la ville Western par excellence

Dernière destination de cette journée sur la Route 80 : Tombstone, où nous avons passé la nuit. Si on a déjà un bon aperçu du vieux Far West à Bisbee, à Tombstone on a l’impression que cette époque ne s’est jamais terminée ! Avec sa rue principale en terre battue parcourue par des calèches, habitants et touristes jouant le jeu en habits d’époque, et les biches qui se baladent en liberté dans la ville… C’est plutôt très déconcertant comme destinaiton au premier abords ! 

Moi aussi j’avais d’ailleurs joué un peu le jeu, en sortant ma plus belle tenue de « Barbie Cowgirl », qui a d’ailleurs eu beaucoup de succès ! Deux employés des reconstitutions historiques de la ville (dont on reparlera plus bas) m’ont même demandé une photo, et un type du Minnesota s’est arrêté en voiture pour me dire (très gentillement) que j’étais la seule femme bien habillée qu’il avait vu en Arizona ! Voilà qui vous retranscrit assez bien l’ambiance de la ville.

Même si Tombstone est très touristique, je dois dire que ce village de Far West, aujourd’hui grandement reconstitué (quasi tout a brûlé plusieurs fois, seulement quelques bâtiments d’origine ont survécus), reste tout de même pour moi un arrêt incontournable en Arizona.

Où dormir à Tombstone ?

Pour bien se mettre dans le bain, on a choisi de passer la nuit dans l’un des rares bâtiments encore d’origine : le Tombstone Bordello B&B, un ancien bordel (qui appartenait à l’un des saloons) devenu aujourd’hui un petit bed & breakfast avec piscine. Nous avons dormi dans l’une des deux chambres qui se trouvent dans la partie datant de 1888, qui ne laisse rien voir de ce passé scandaleux… C’est confortable et très abordable, et l’accueil était charmant (on a même eu droit à des petites gourmandises dès l’arrivée).

Voir plus de photos et les tarifs actuels ici.

Si c’est l’une des seules adresses vraiment historique, ce n’est pas la seule qui vous transportera dans le passé. On peut aussi noter The Russ House, à la décoration bien vintage, et Katie’s Cozy Cabins, dans le style des anciennes cabanes de mineurs, mais avec tout le confort moderne. Attention, ça se remplit vite !

Et si vous avez envie de vivre l’expérience d’un ranch (même si plutôt un ranch de parc d’attraction), le Tombstone Monument Guest Ranch, un peu à l’écart du centre, vous offrira une expérience immersive, avec tous les repas et des activités telles que des balades à cheval incluses dans le tarif. 

La fusillade d’O.K. Corral

Fondée en 1879, « The Town Too Tough To Die » (de son petit surnom qui en dit long) s’est développée autour des mines d’argent de la région. Son heure de gloire n’a pas duré longtemps, mais elle doit sa survie au tourisme, puisque la ville joue pas mal de son passé riche en action et en scandales.

Tombstone est surtout célèbre pour avoir accueilli la plus célèbre fusillade du Wild West : le O.K. Corral Gunfight, un règlement de compte durant lequel s’affrontèrent en 1881 d’un côté les frères Earp et Doc Holliday, et de l’autre les frères Mac Laury, les Clanton et Billy Claiborne. Business is business : elle est aujourd’hui reproduite tous les jours pour les touristes ! 

L’histoire de cet évément célèbre de l’histoire américaine est notamment racontée dans le film « Tombstone » de 1993, avec Kurt Russell et Val Kilmer (dont notre hébergement avait d’ailleurs une copie, si une soirée TV sur les « lieux du crime » vous tente !), et dans « Wyatt Earp », sorti un an plus tard avec Kevin Costner et Dennis Quaid. Un arrêt au O.K. Corral Office Museum vous en apprendra également plus sur toute cette histoire.

La plupart de l’année, il faut payer pour voir les reconstitutions historiques (« reenactments ») qui se produisent plusieurs fois par jour dans un espace fermé. Impossible de voir quoi que ce soit sans payer !

Cependant, des plus grandes reconstitutions historiques de l’époque du Far West (la fameuse fusillade, des pendaisons et autres évéments ayant marqué la ville) sont organisées plusieurs fois par an. Et vous allez rire car… notre visite de Tombstone, sans le savoir, coïcincidait justement avec un de ces rassemblements !

On a pas tout de suite compris pourquoi il y avait tant de monde, et surtout pourquoi presque tout le monde était habillé en costume d’époque. C’était à l’occasion des Wyatt Earp Days qui ont lieu durant le weekend du Memorial Day. On a pu en voir que le début, car on avait déjà une réservation de prévue ailleurs (qu’on ne regrette pas ceci dit, vous verrez), mais l’ambiance était vraiment sympa !

Des manifestations similaires ont également lieu en février durant les Vigilante Days, durant le weekend du Labor Day pour le Showdown in Tomstone et durant les Helldorado Days en octobre. Durant ces weekends, vous pourrez assister à tout le programme (qui s’étend sur 2-3 jours) dans les rues de Tombstone gratuitement !

Allen Street et ses saloons

Vous ne pourrez pas rater la rue principale, Allen Street, où vous pouvez appeler une calèche si vous avez envie de faire un petit tour comme dans le bon vieux temps. C’est ultra agréable car la rue est à part ça piétonne : aucune voiture pour venir rompre l’illusion qui est presque complète ! Et quand la golden hour vient se réfléter sur la terre battue de la rue… C’est tout simplement magique, comme vous pourrez le voir sur les photos.

C’est sur Allen Street que vous trouverez la plupart des commerces jouant sur la nostalgie de « l’âge d’or » de Tombstone, dont trois saloons où manger ou boire un verre pour se prendre encore plus pour un vrai cowboy. 

Installé dans ce qui était à l’origine un hôtel, le Big Nose Kate Saloon doit son nom à Mary Katherine Horony-Commings, la femme de Doc Holliday. L’hôtel d’origine a brulé, mais les arches et le bar ont pu être conservés. Avec ses serveuses en costume d’époque et son décor à l’ancienne, c’est une adresse très populaire.

Il y avait beaucoup de monde ce weekend-là, mais avec un peu d’attente on a réussi à y avoir une table. Cuisine classique du sud-ouest, copieuse et à arroser de grandes bières locales.

Un peu plus loin sur la rue, ses deux concurrents principaux sont le Crystal Palace Saloon, l’un des plus anciens saloons de la ville, qui était à l’origine une brasserie, et l’Oriental Saloon, aujourd’hui classé.

On a aussi testé The Longhorn Restaurant (aussi très populaire, assez sympa) et, dans la rue parralèle à Allen Street (Toughnut Street), la Tombstone Brewing Company, une super petite micro-brasserie avec des bières aux noms originaux (mais surtout très bonnes).

Un ghost tour au Bird Cage Theatre

Après un tour dans les saloons de Tombstone, un seul endroit pour finir la soirée : le Bird Cage Theatre, l’autre endroit incontournable de la ville, véritable vestige du Wild West puisqu’il a survécu à toutes les incendies de la ville.

Il est possible de le visiter en journée, mais les tours les plus populaires sont les ghost tours qui y sont organisés une fois la nuit tombée (à réserver quelques heures plus tôt à l’entrée du bâtiment). En effet, le Bird Cage Theatre serait l’un des bâtiments les plus hantés d’Arizona, et les chasseurs de fantômes du monde entier y accourent ! 

C’est un type de visite que j’aime faire aux USA, je suis toujours intriguée par la passion que les américains ont pour les fantômes. Mais je dois dire que c’est la première fois que je le faisais en compagnie d’un groupe qui était autant à fond dans le sujet, et a même fini par se prendre la tête sur la bonne manière pour communiquer avec les fantômes, c’était assez drôle !

Le Bird Cage Theatre était en fait un peu plus qu’un théâtre, puisqu’à l’origine surtout un lieu de débauche, où les hommes allaient jouer aux cartes au sous-sol avant d’aller « voir » les filles installées à l’étage dans des « bird cages », d’où le nom… En quelques années d’existence (il n’a été ouvert que de 1881 à 1889), on peut dire qu’il s’en est passé des choses. Tant et si bien qu’il serait hanté aujourd’hui par plusieurs des 26 personnes qui y sont mortes. Les traces de balle qu’on peut toujours voir dans l’entrée en disent long !

Notre guide enchaîne les histoires, plus sordides les unes que les autres. Le côté historique était très intéressant : on y a par exemple appris qu’Ethel Barrymore, ancêtre de Drew Barrymore, y a joué ! Par contre, je dois dire qu’on me perd dès que ça commence à parler « orbes » et tout ce genre de choses. Au final, on a rien vu ou entendu de particulier, mais quand on a été plongé dans le noir, je dois dire que cet endroit remplis de reliques historiques reste plutôt bien angoissant.

A noter que d’autres ghost tours sont également organisés à l’extérieur, dans les rues de Tombstone.

A voir également à Tombstone

Tombstone a beau être assez compacte, il y a énormément de choses à faire autour du centre historique de la ville… même si pas mal sont malheureusement payantes. Voici quelques endroits supplémentaires à voir, si vous avez le temps.

  • Good Enough Silver Mine : tout comme Bisbee, Tombstone a sa visite de mine (comme on avait déjà fait l’autre, on a pas fait celle-ci).
  • Old Tombstone Western Theme Park : si vous trouvez que la ville a déjà des airs de parc d’attraction, attendez de voir ce petit parc sur le thème du Far West, avec des stands de tir, des reconstitutions de bâtiment d’époque et également des reconstitutions de fusillade.
  • Rose Tree Museum : juste en face, vous pourrez voir… le plus grand rosier au monde (planté en 1885). 
  • Tombstone Courthouse State Historic Park : l’ancien Palais de Justice, transformé aujourd’hui en musée d’histoire.
  • The Wyatt Earp House : la maison où aurait (peut-être) vécu Wyatt Earp.
  • The Tombstone Epitaph : un petit musée gratuit installé dans l’ancien siège de ce journal d’Arizona.
  • Schieffelin Hall : l’ancienne salle de spectacle où des événements sont encore parfois organisés.
  • Old City Hall : l’ancien hôtel de ville, classé.
  • Boothill Graveyard : un peu à l’écart du centre, il s’agit du cimetière historique de la ville, où ont notamment été enterrés les morts de la fusillade de O.K. Corral.

 

Prochaine étape : Tucson !

 

Texte et photos : Emmanuelle Hubert et Kevin Berger

 

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