Mont Minobu : mon séjour dans un temple bouddhiste (shukubo) au Japon

Pour mon deuxième voyage au Japon, j’avais envie de retourner à Tokyo, mais aussi de vivre de nouvelles expériences typiquement japonaises, et notamment dormir dans un shukubo, un temple bouddhiste, ce que je n’avais pas pu faire lors de mon premier voyage. C’est donc un peu par hasard, en cherchant des shukubo non loin de Tokyo, que j’ai entendu parler du Shukubo Kakurinbo au Mont Minobu et que, à partir de là, j’ai décidé de passer toute une semaine autour du Mont Fuji, pour en découvrir littéralement toutes les facettes !

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Le Mont Minobu, un secret bien gardé

Pour tout vous dire, pour une fois j’ai un peu hésité avant de vous partager cet énorme coup de cœur que j’ai eu pour le Mont Minobu. Minobu est clairement une destination hors des sentiers battus qui devrait le rester : au contraire de destinations « spirituelles » plus populaires comme le Mont Koya (où il y a un vaste choix de shukubo pour les touristes), à Minobu il n’y a qu’un shukubo, donc ça limite vachement le flux de touristes… et surtout ça rend l’expérience encore bien plus charmante et authentique. Nulle part ailleurs au Japon n’ai-je été accueillie avec tant de bienveillance et de gentillesse. J’en aurais presque les larmes aux yeux rien qu’à y repenser…

Alors voilà, même si je ne pourrai peut-être plus avoir ce shukubo pour moi toute seule comme ça a été le cas en 2018 dans quelques années, je partage aujourd’hui avec vous ce secret bien gardé… car les habitants de Minobu sont tellement incroyables et accueillants qu’ils méritent d’être (un peu) plus connus !

Si vous avez envie de vous ressourcer, de profiter de la nature japonaise, d’en apprendre plus sur la culture japonaise et tout ça à moins de 4 heures de Tokyo, je ne peux que vous recommander de venir passer quelques jours au Mont Minobu. La cuisine végétarienne, l’accueil didactique des Moines, les prières du matin, le tête à tête avec Fujisan depuis le sommet de la montagne, le jardin exceptionnel du 14ème siècle, l’onsen et l’auberge toute entière pour moi toute seule… c’est clairement une expérience que je ne suis pas prête d’oublier !

Rejoindre le Mont Minobu

Le Mont Minobu et ses temples se situent à l’Ouest du Mont Fuji. Le plus facile pour y accéder est de prendre un highway bus depuis Tokyo (environs 3h30 depuis la gare de bus de Shinjuku, attention à réserver à l’avance au guichet ou en ligne ici). C’est ce que j’ai fait à l’aller. Si vous n’avez pas de JR pass, le bus longue distance est souvent l’option la moins chère pour se déplacer.

L’autre option est le train. Ce n’est pas direct depuis Tokyo mais c’est faisable en trains JR (jusque la gare de Minobu). C’est en train que j’ai poursuivi mon voyage jusqu’à la péninsule de Izu, au sud du Fuji. Entre la gare de Minobu et le village/temple de Minobu, il faudra par contre prendre un bus local (on peut utiliser sa carte Suica/Pasmo donc c’est facile !) car c’est un peu long à pied.

Pour monter au sommet du Mont Minobu, il y a également deux options : soit le ropeway (téléphérique), soit la randonnée (voir plus bas).

Minobu est particulièrement fréquenté durant la période de la floraison des sakura et durant les couleurs de l’automne donc au printemps et à l’automne. Début décembre, j’étais presque seule sur place, ce qui était vraiment cool. Bref, à vous de voir quelle période vous préférez : je crois que Minobu vaut la peine toute l’année !

Comme je me déplaçais en transports en commun lors de ce voyage, je suis restée uniquement à Minobu. Mais, Minobu se trouvant entre le Mont Fuji d’un côté et les Alpes du Sud du Japon de l’autre, il est évident qu’il y a bien d’autres choses à faire dans la région ! Si ça vous tente de rester plus longtemps dans les Alpes japonaises, il y a notamment une autre expérience qui me tente bien pour un prochain voyage : loger dans le plus vieil hôtel du monde au Nishiyama Onsen Keiunkan, un ryokan avec hot springs ouvert en 705 ! Ou si vous aimez marcher, il est également possible de suivre l’itinéraire du pèlerinage entre le Mont Minobu et le Mont Shichimen.

Mon séjour de deux jours dans un temple bouddhiste (shukubo) au Mont Minobu

Pour rendre au mieux de l’expérience que j’ai vécu à Minobu, cet article sera conçu comme un carnet de voyage de mes deux jours sur place. Le Mont Fuji étant parfois couvert, mieux vaut prévoir quelques jours sur place pour vous assurer de pouvoir profiter pleinement des paysages. Pour ma part, j’ai eu pas mal de chance avec la météo (décembre est un bon mois à ce niveau-là, un peu frais mais souvent très sec avec un ciel bien dégagé), mais si c’était à refaire, je passerais au moins trois jours sur place, pour me balader encore un peu plus et tout simplement déconnecter au shukubo.

Jour 1 : repérage et relaxation

Après une semaine passée à Tokyo, je suis donc partie de bon matin en highway bus depuis Shinjuku. Et j’ai même eu droit à mes premières vues sur le Mont Fuji avant même d’arriver à Minobu ! J’ai su tout de suite que cette semaine allait être plutôt pas mal, mais je n’avais encore aucune idée que j’allais vivre ce qui reste l’une des plus belles expériences de ma vie…

Mon bus arrive enfin dans le village de Minobu, j’ai quelques centaines de mètres à faire à pied avec mes bagages pour rejoindre le shukubo. Le temple où je loge se trouve un peu en hauteur par rapport au village : ça monte bien, surtout avec des valises ! Mais alors que je fais une petite pause dans la montée finale vers la porte du temple, que vois-je ? Dans les bois de l’autre côté de la route, un groupe de biches se fige et me fixe également : voilà déjà une première rencontre tout à fait magique !

Me voici enfin arrivée au Shukubo Kakurinbo. C’est la première fois que je dors dans le ryokan d’un temple bouddhiste et je n’aurais pas pu rêver mieux ! A peine arrivée, je suis accueillie par le moine du temple d’une gentillesse incroyable même s’il ne parle pas bien anglais. Il semble passer sa journée à promener son shiba entre deux prières !

On m’annonce ensuite que nous ne sommes que deux ce soir (moi et un japonais) et que j’aurai le ryokan à moi toute seule le lendemain. Il y a pas à dire, ça s’annonce plutôt bien cette petite escapade !

Des kimonos de mariage de collection décorent le couloir qui mène à ma chambre, au rez-de-chaussée. C’est une chambre traditionnelle avec tatami et portes coulissantes. De l’autre côté, j’ai vue sur le jardin japonais qui date du 14e siècle. Je suis déjà sous le charme, c’est vraiment splendide ! Mon lit n’a pas encore été fait, en journée c’est une petite table avec des coussins qui règne au milieu de ma chambre et l’hôtesse me propose de me servir du thé qui est en libre service toute la journée.

J’avais initialement prévu de ne rien faire ce jour-là, mais comme il fait beau, je décide finalement de me balader un peu et de faire une première tentative pour voir le Fuji du haut du Mont Minobu.

Pour ça, je dois d’abord rejoindre le temple de Kuon-ji, le temple principal qui se situe au pied du mont Minobu mais déjà « un peu » en hauteur par rapport au village. L’accès au temple se fait normalement par une énorme porte suivie d’une volée de 287 marches, mais ça, je me la garde pour demain : depuis mon shukubo, il y a un autre chemin qui monte un peu moins abruptement vers le temple. Et dire que c’est le chemin facile… ça promet !

Il n’y a personne au temple, c’est assez étrange… il fait toujours beau mais avec quelques nuages. Pas sure que le Fuji soit toujours visible : comme je l’apprendrai plus tard, la fin de journée n’est souvent pas l’idéal pour voir le Fujisan… Je prends quand même le téléphérique (aller-retour, je n’aurai pas le temps pour la rando aujourd’hui) pour le sommet du mont Minobu. Et c’est… un gros fail pour ce premier essai ! Le Fuji s’est couvert, malheureusement…

Par contre, je tombe à l’heure de la prière dans un des plus petits temples au milieu de la forêt : les tambours résonnent partout. Je jette également un œil de l’autre côté de la montagne, où on a une belle vue sur les Alpes du Sud et bien dégagée ici ! Je patiente un peu avec un mochi sauce soja (miam) mais ça ne se découvrira pas côté Fuji…

Une fois redescendue au village, je continue un peu la balade dans les temples en bas dans le village jusqu’au Mausolée de Nichiren-Shonin et au Hall de Prières (Gosoan-ato), en lisière de forêt… Minobu est en fait un grand complexe de temples : son temple principal, Kuon-ji, établi en 1274, est le temple principal d’une branche du bouddhisme appelée Nichiren Shu, qui doit son nom à son fondateur, le moine réformateur Nichiren Shonin, qui est enterré ici même. C’est lui qui a créé le « Lotus Sutra« , dont un passage est toujours récité à chaque prière dans ce courant du bouddhisme. Il s’agit donc d’un endroit très important pour cette religion et cela en fait un site de pèlerinage.

Ensuite, je suis rentrée dans mon shukubo pour profiter un peu de l’endroit ! Un logement en temple n’est en fait pas très différent d’un ryokan traditionnel. Ici, il n’y a aucun couvre-feu, et les prières sont tout à fait optionnelles. J’étais donc tout à fait libre de profiter de l’endroit comme je le voulais. 

A la tombée de la nuit et de nuit, illuminé, le jardin du temple du 14e siècle est encore plus magique, et si paisible. Dans un jardin japonais, tout a une signification : la forme de l’étang par exemple représente le Kanji de l’amour ! Un cadre on ne peut plus paisible donc enfin… jusqu’au moment où la bande de singes sauvages débarque ! Ah oui, avais-je oublié de préciser que les biches n’étaient pas les seuls animaux sauvages dans le coin ? Les singes sortent à la tombée de la nuit et le matin, on ne peut pas les rater avec tout le boucan qu’ils font ! Enfin, je préfère les rencontrer eux que les autres occupants de la forêt : les ours…

Et puis, ce fut l’heure du bain ! Le Shukubo Kakurinbo a un petit onsen que l’on privatise à l’heure que l’on veut (normalement c’est une fois par jour par personne, mais comme on était que deux, j’ai pu en profiter autant que je voulais !). L’eau de source est agrémentée de sels de bain roses aux raisins produits localement. Parfait pour se relaxer en fin de journée.

Une fois bien détendue, place au repas du soir, puisque la demi-pension est comprise dans le prix de la chambre ! Traditionnellement, les bouddhistes mangent végétarien et donc la cuisine servie dans les shukubo l’est aussi. Ici, ils font une petite entorse en proposant en plus une petite portion de poisson (pas de viande) aux clients qui le souhaitent mais ça reste 95% végétarien et tout est délicieux.

A chaque repas, j’ai droit à un défilé de petits services, le tout arrosé de saké, et avec un service ultra sympathique pour ne rien gâcher ! En dessert, j’ai également pu goûter à l’une des spécialités du temple, de la glace au soja… délicieux !

Après le repas, place à l’activité du jour ! Comme j’étais seule (le client japonais était déjà retourné dans sa chambre), ils m’ont proposé de me faire essayer un de leurs kimono de collection à 2 millions de yens… Ça ne se refuse pas ! Et ça ne rigole pas, je ne pensais pas qu’ils sortiraient tous les accessoires !

Le résultat était plutôt sympa, non ? Encore un moment dont je me souviendrai longtemps, un de plus…

Cette première journée au Shukubo Kakurinbo se termine avec la contemplation silencieuse du jardin illuminé avant d’aller dormir. Il faut dormir tôt si je veux me lever avant 5h pour la prière matinale…

Jour 2 : randonnée sur le Mont Minobu et vues sur le Mont Fuji !

Mais à nouveau, la première tentative pour aller voir les prières du matin (qui ne l’oublions pas ont lieu au temple principal et sont donc séparées par près de 300 marches du temple où je dors…) fut un échec : une pluie torrentielle s’est abattue sur Minobu jusque 8h du matin… J’ai donc décidé de reporter cette petite expédition au lendemain et de rester bien au chaud en attendant qu’il arrête de pleuvoir… ce qui s’avéra être une très bonne idée !

Après un bon petit déjeuner végétarien, c’était l’heure de la tentative n°2 pour voir le Mont Fuji depuis le sommet du Mont Minobu !

Cette fois-ci, je suis passée par le village, qui avait l’air tout aussi vide (serait-ce le seul village au Japon sans 7-Eleven?! On dirait bien !). La pluie passée, je me suis dit que c’était un bon moment pour affronter les 287 marches en pierre (et pas des petites…) des Bodai-tei, un escalier datant du 17ème siècle qui permet de monter de la porte Sanmon (une des plus larges portes de temple du Japon) au temple principal et sa pagode à 5 étages.

Les escaliers sont séparés en sept parties qui représentent les sept étapes vers l’illumination (« enlightenment ») dans le bouddisme… Et oui, c’est un peu le sentiment qu’on a en arrivant au sommet ! Ça m’a presque fait penser aux pyramides Maya tellement les marches sont abruptes !

J’ai péniblement mis 20 minutes à les monter, me faisant au passage dépasser par un petit vieux du coin… qui les a monté sans s’arrêter une seule fois ! En tout cas, à l’heure à laquelle j’avais mis mon réveil, j’aurai clairement raté le début des prières si j’avais pris ce chemin comme prévu ! Le lendemain, je reprendrai donc le chemin « facile »…

Je reprends ensuite le téléphérique vers le sommet du Minobu en croisant les doigts pour la vue. Cette fois-ci, je ne prend qu’un aller simple : je redescendrai à pied. Le ciel est encore un peu couvert mais avec la pluie de ce matin, c’est un peu normal. Il faut de la patience avec le Fuji…

En attendant que Fujisan se montre, je refais un petit tour autour du temple situé au sommet du mont Minobu.

Et là, bingo ! La patience a payé : Fujisan est là et bien dégagé !

Et je dois dire que maintenant que le Fuji complète la vue, je ne veux plus repartir : c’est tellement magique !

Je ne sais pas combien de temps j’ai passé à admirer la vue mais un temps certain en tout cas… la faim se faisant ressentir, j’ai été manger au petit resto de la station et à nouveau ce fut délicieux, vraiment pas cher… et regardez-moi quelle vue !

En regardant bien, je me rends compte que la lune était de sortie juste derrières le Fuji : encore plus magique !

Mais je ne peux pas passer la journée là : je n’ai pris qu’un aller simple en téléphérique, je dois donc redescendre à pied. C’est donc l’heure de commencer la randonnée pour redescendre au village. Il y a en réalité deux chemins différents (donc si vous avez deux jours sur place, vous pouvez en faire un chaque jour) :

  • le parcours Est de 5km aller simple : il passe notamment par les temples de Toshogu et Daikokudo, pour se terminer à l’arrière du bâtiment principal du temple Kuon-ji.
  • le parcours Ouest de 8km aller simple : ce parcours descend (le début est non loin de l’arrivée du téléphérique) via quelques temples mineurs (dont le temple Shojuan, les autres n’avaient même pas de traduction sur Google Maps…) pour arriver finalement au temple de Gosoan-ato (là où j’étais déjà allée la veille). C’est ce parcours que j’ai choisi.

Le Mont Minobu est couvert presque entièrement de forêt et… des ours se trouvent dans le coin, donc faites très attention !! Il est fortement déconseillé de partir en randonnée sans clochette à ours. Je ne l’ai pas fait car « normalement » c’était leur période d’hibernation mais je l’ai vite regretté, car au moindre bruit j’avais peur ! J’ai alors décidé de faire du bruit moi-même (ce qui est sensé les prévenir que vous êtes là et les faire s’éloigner, même principe que la clochette) et j’ai chantonné pendant les 8 km de la rando… bref, comme c’est utile partout au Japon (et ailleurs), je me suis donc promise de m’acheter une clochette à ours pour mon prochain voyage – ça ne coûte rien et ça évite de stresser pour rien.

Il n’y a pas du tout de difficulté au niveau du terrain pour la randonnée Ouest, ça descend juste bien par endroit (donc si vous faites la montée… vous êtes prévenus !). Il y avait encore un peu de couleurs d’automne et les quelques petits temples croisés en chemin étaient sympas, mais la partie que j’ai trouvé la plus impressionnante c’est le passage dans une forêt avec d’énormes conifères.

Je me suis fait bien peur en croisant une biche et son petit, ils m’ont bien surpris (non, ce n’était pas un ours !!). En plus, ils ne semblaient pas avoir très peur de moi, j’ai pu les observer longuement !

La descente est quand même assez longue, j’ai mis plus de 2 heures pour faire les 8km, je n’en voyais pas le bout, et le soleil commençait à se coucher quand je suis arrivée… J’étais donc ravie de voir la grille qui séparait le premier temple du bas de la montagne de la forêt (et des ours) : j’étais enfin de retour à la civilisation !

Je peux vous dire que j’étais bien contente de retrouver mon petit temple bien cosy et surtout de prendre un bon bain bien chaud au retour… Il était bien mérité celui-là !

Le repas du soir était à nouveau excellent. Pour ce deuxième soir, j’étais la seule et unique cliente du shukubo, avec toute l’équipe à mon service, c’était ultra cool, et surtout ça m’a permis de vraiment bien me détendre. J’en ai profité pour goûter à une autre spécialité locale, un jus de prune fermenté.

Et cette fois-ci, mon repas était agrémenté d’un saké spécial aux feuilles d’or (petite surprise de mon adorable serveur Endo alors que j’avais commandé un saké normal !).

Après le repas, ce soir-là c’était activité origami ! Avec un bon professeur, toujours Endo, je m’en sors pas mal pour une première !

J’ai un peu plus le temps de discuter avec lui car c’est celui qui parle le mieux anglais. Il m’explique qu’il est venu une semaine en tant que client l’année d’avant et qu’il avait décidé de rester, tout simplement. Qu’est-ce que je le comprends… En tout cas, quelle équipe sympa !

C’est à nouveau l’heure d’une bonne nuit de sommeil dans le plus grand calme…

Jour 3 : prières matinales… et l’envie de ne plus repartir !

Cette fois, c’était la bonne. Je me suis levée à 5h pour aller assister aux premières prières du matin des moines bouddhistes dans le bâtiment principale du temple Kuon Ji. Et comme vous allez le voir, la chance était de nouveau avec moi : je n’aurais pas pu rêver mieux pour cette première expérience ! Alors que je montais péniblement jusqu’au temple par le chemin facile (la route des voitures), une dame s’est arrêtée en voiture et j’ai compris (elle ne parlait pas un mot d’anglais) qu’elle me demandait si j’allais à la prière, et que si oui, je pouvais y aller avec elle ! J’ai donc fait la moitié du chemin bien au chaud et, sans le savoir, j’avais à présent un guide de premier choix, puisqu’elle vient tous les matins ici (merci l’appli Google Translate et ses traductions en direct !!).

Je suis vraiment reconnaissante de l’avoir rencontrée car sans elle je n’aurais pas su où aller, ni où je devais m’asseoir, ce que je pouvais ou non faire etc. Pour rappel, à Minobu, y a pas grand monde qui parle anglais et même pour trouver des infos en anglais sur le web, c’était pas évident.

Le moment était tellement fort que j’ai choisi de ne pas faire de photos (enfin, juste une). J’avais été accueillie parmi cette petite communauté si chaleureusement… c’est l’expérience qui primait. Ma petite guide m’a même confiée à l’un de ses amis moines qui m’a emmené faire les manipulations de l’encens pendant les prières, qu’on ne peut normalement pas faire seul. Je me souviendrai longtemps de cette heure de prières lancinantes précédées par des coups de tambour assez impressionnants, surtout en pleine nuit noire… J’ai même suivi mes nouveaux amis jusqu’à la deuxième prière, en plus petit groupe, dans le temple voisin. Aller jusqu’aux encens était ici encore plus impressionnant car je me suis retrouvée face à tous les moines en train de prier. Il faut le vivre.

La petite dame me fait signe : elle compte repartir, est-ce que je veux qu’elle me dépose à nouveau ? Ça se refusait difficilement ! Je n’ai pas tout compris de ce qu’elle me racontait sur ce temple sur lequel le soleil était maintenant en train de se lever. Les moines, eux, continuaient leurs lancinantes prières (la suite n’est pas accessible aux personnes extérieures) accompagnées de coups de tambour qui résonnaient dans toute la vallée… je les entendais encore une fois rentrée au Shukubo Kakurinbo (au milieu des cris de singes), avec comme unique souvenir le petit papier remis à tous ceux qui ont prié.

Les mots ne suffisent vraiment pas pour retranscrire cette expérience incroyable. Les japonais sont tellement gentils, même dans les endroits les plus reculés. N’ayez vraiment pas peur d’aller à leur rencontre, la barrière de la langue n’est pas un problème comme vous pouvez le voir !

Une chose est sure, j’avais bien mérité mon petit déjeuner après toutes ces émotions ! Et ces délices végétariens face à ce jardin de toute beauté, on ne s’en lasse pas non plus…

Et c’est ainsi que se termine mon escapade spirituelle au Mont Minobu. En partant, toute l’équipe me fait ses adieux et me donne un petit mot en japonais à donner au conducteur de bus pour être sure qu’il me dépose bien à la gare de Minobu. La gérante, qui tient un petit carnet avec les histoires de tous ses clients, me dit que je suis seulement la deuxième belge qu’elle reçoit. Promettez-moi de me donner le nouveau chiffre si vous aussi vous y aller !

Les réservations pour le shukubo peuvent se faire facilement via Booking et en ce qui concerne les informations sur Minobu, à l’heure où j’écris ces lignes il n’en existe pas vraiment beaucoup d’autres en français, mais à nouveau, n’hésitez pas à utiliser Google Translate, ça marche plutôt bien !

 

Envie de vivre vous aussi cette expérience unique ? Consultez les tarifs actuels ou réservez votre séjour au Shukubo Kakurinbo ici.

 

Prochaine étape de ce voyage autour du Fuji : la Péninsule d’Izu, au sud !

 

Mes autres articles autour du Mont Fuji :

 

13 réflexions au sujet de “Mont Minobu : mon séjour dans un temple bouddhiste (shukubo) au Japon”

  1. juan el khoury…
    magnifique reportage haut en lumiéres et émotions á la hauteur du fondateur de cette branche du bouddhisme que vous avez invoqué, je vous invite á vous y rapprocher, si ce n ést pas déja fait,
    merci infiniment de ce privilége partagé

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  2. Quelle belle expérience ! De mon côté j’étais allée à Koya San mais le monastère dans lequel j’avais dormi était bien plus « commercial ». (mais les japonais étaient comme tjs adorable surtout qu’il y avait finalement assez peu de touristes européens dans cette zone). Ton article me donne tellement envie de retourner au Japon ! Je peux comprendre que tu n’avais pas envie de repartir de cet endroit !

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  3. Merci pour ce beau récit ! La campagne japonaise possède en effet beaucoup de trésor à découvrir, bien que le tourisme de masse soit malheureusement de plus en plus présent…

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  4. Comme je suis à la recherche de lieux original pour passer mes vacances, je me suis intéressé au Japon qui est un pays totalement différent de la France. J’ai donc trouvé le blog idéal pour me montrer comment vivre des moments inoubliables sur place. Je pense que je vais séjourner dans le temple Bouddhiste de Shukubo. C’est donc ce blog qui m’a aidé dans les recherches de destination de vacances!

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  5. Bonjour Emmanuelle, merci beaucoup pour ce blog! Je m’appelle Emma, je suis Française et je suis actuellement aussi à Kakurinbo pour un séjour prolongé. Comme l’hôtel aimerait faire de la promotion, la propriétaire Junko voudrait utiliser le contenu de votre blog (seulement le texte). Est-ce que vous dérangerait qu’on traduise le texte et qu’on l’affiche pour de futurs clients? Je travaille avec eux en ce moment donc je serai ravie d’en parler davantage avec vous si vous êtes d’accord!

    Merci beaucoup à nouveau pour ce blog, je vous rejoins sur tous les points je passe aussi un séjour incroyable et serein!

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    • Bonjour Emma,
      Je suis d’accord pour la traduction du texte dans le but de l’afficher aux clients :) Si c’est posté en ligne, je demande juste d’inclure un lien vers le texte d’origine ;-)
      Quelle chance d’y être en ce moment, je rêve d’y retourner !

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      • Ah super merci beaucoup! Je ne sais pas encore si ce sera posté en ligne mais nous ajouterons le lien bien sûr! Junko et Endo vous remercient intensément! :)

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