La Jordanie est un sublime terrain de jeu pour les amateurs de randonnée. La particularité du pays, ce sont ses « wadis », des canyons qui se parcourent les pieds dans l’eau. Dans cet article, je vous parle plus en détail de ma randonnée coup de cœur en Jordanie : le Wadi Bin Hammad, un wadi facile d’accès, accessible quasi toute l’année et aux paysages à couper le souffle !
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Un wadi, c’est quoi ?
On entend souvent parler de « wadi » en Jordanie, mais de quoi s’agit-il en fait ? Un wadi désigne une vallée, mais quand on parle de randonnée dans un wadi, on parle en général de canyons traversés par un cours d’eau, où l’on marche le plus souvent les pieds (voire plus) dans l’eau. En général, c’est plutôt une activité qui se fait l’été à cause du niveau de l’eau et des précipitations qui peuvent être importantes durant l’hiver. L’abondance d’eau transforme certains wadis en véritables oasis, avec des portions entourées de palmiers, de cascades, et d’une végétation luxuriante.
Comment choisir son wadi ?
Randonnée dans un wadi va donc fortement dépendre de la saison, et de la météo du moment. En effet, certains wadis sont carrément inaccessibles durant l’hiver. Ce n’est pas le cas du Wadi Bin Hammad, et c’est d’ailleurs l’un de ses grands avantages : il est l’un des rares à être ouvert toute l’année, sauf s’il a plu, va pleuvoir ou pleut. En effet, dans des canyons aussi étroits, les pluies peuvent vite se transformer en véritables torrents et devenir très dangereuses si vous vous trouvez dans le wadi à ce moment-là. C’est pourquoi la plupart des wadis sont aujourd’hui surveillés – et que leur accès est aussi en conséquence souvent payant. Et même si vous trouvez un wadi non surveillé, ne tentez pas la randonnée s’il y a le moindre risque de pluie : il y a bien d’autres choses à faire en Jordanie sans mettre votre vie en danger (et oui, les accidents arrivent vraiment, encore très récemment…).
L’autre facteur à absolument prendre en compte, c’est l’accessibilité du wadi : en effet, certains wadis sont très reculés, et sont accessibles par des chemins de terre. Même s’ils peuvent parfois sembler proches d’une route principale, les temps de trajet sont souvent assez longs. Certains sont même difficilement accessibles sans 4×4. Même si la route qui mène au Wadi Bin Hammad nécessite un peu d’attention, elle est praticable avec une voiture normale, à condition que le niveau de l’eau soit assez bas (sinon, il faut traverser un petit cours d’eau à la fin de la route…).
Il ne faut également pas sous-estimer la condition physique requise pour certains des wadis les plus connus, surtout en haute saison, lors des fortes chaleurs. En effet, certains parcours impliquent de l’escalade, de la nage en fonction du niveau de l’eau, et même parfois du canyoning (pour lequel vous êtes obligé d’être encadré).
Enfin, il faut aussi savoir que de plus en plus de wadis sont payants : je vous laisse vous renseigner à ce sujet, car les conditions et les tarifs semblent changer régulièrement. Pour information, lors de notre voyage en 2024, le Wadi Bin Hammad était sensé être payant, mais à notre arrivée, les gardiens nous ont dit que c’était gratuit pour le moment (on a pas su pourquoi). L’avantage des wadis payants (ou en tout cas surveillés), c’est que le personnel reste au niveau du parking et que votre voiture ne risque en conséquence rien. Sachant que les wadis se trouvent dans des endroits très reculés, ça permet de partir l’esprit tranquille.
Pourquoi choisir le Wadi Bin Hammad ?
Vous l’aurez compris, si notre choix s’est porté pour le Wadi Bin Hammad, c’est que c’était vraiment l’un des plus faciles d’accès – puisque nous partions avec un gros désavantage pour ce voyage : Monsieur avait le bras cassé ! Si vous cherchez le meilleur rapport « facilité-plaisir », le Wadi Bin Hammad est pour moi le choix parfait :
- Il est praticable toute l’année (sauf en cas de pluie).
- L’eau est toujours chaude car il est alimenté par des sources thermales (et ça, c’est vraiment un gros avantage : vraiment très agréable de marcher dedans !)
- Il est accessible à tous les niveaux : si Monsieur a pu le faire avec un bras cassé, vous pouvez le faire ! Il n’y a aucun gros obstacle à franchir (jusqu’au « point de non-retour » – une petite chute d’eau – que vous ne pouvez pas rater *) et il ne faut pas escalader ni nager. En mars, nous avons eu tout au plus de l’eau au niveau des genoux. * Si vous voulez aller au-delà de la zone accessible par vous-même, il faudra partir en excursion canyoning avec un guide.
- Il est assez facilement accessible en voiture standard : il est relativement proche de la ville de Karak, à 2 heures de Madaba et à 2h30-3 heures de route d’Amman (il n’y a pas beaucoup de logements à proximité, donc le mieux est de se baser quelque part le long de la Route des Rois : nous avons passé la nuit à l’original 7 Caves Hotel – pour nous rapprocher de notre étape suivante, le Wadi Rum).
- Le décor est à couper le souffle dès le départ (certains wadis demandent de beaucoup marcher avant d’arriver à la zone la plus photogénique avec les palmiers : pas ici).
Mon expérience au Wadi Bin Hammad
Pour rejoindre le Wadi Bin Hammad, nous sommes sortis à l’aller de la Route des Rois au niveau de Al-Qasr. La route descend d’abord assez fort, mais c’est encore goudronné. Sur la dernière partie, la route ne l’est plus, mais ça reste très praticable en faisant un peu attention (en tout cas, lorsque la route est bien sèche, comme c’était notre cas). Au retour, comme nous logions plus au sud, nous sommes repartis en prenant le chemin qui allait directement jusqu’à Al-Karak : celui-ci était plus facile.
À notre arrivée, les gardiens du site sont directement venus nous voir pour nous dire que nous ne devions pas payer. Ceux-ci étaient très sympas, et ils nous ont directement indiqués les toilettes, qu’il vaut mieux utiliser avant de partir !
L’accès au wadi se fait via un escalier. Une fois arrivés au niveau de l’eau, il faut se diriger vers la droite et suivre la direction de l’eau. Je ne m’y attendais pas, mais j’ai trouvé le retour, à contre-courant donc, plus facile car on se laisse moins entraîner par l’eau. Malgré tout, on s’habitue vite et il suffit d’avoir les pas bien assurés quand le courant est un peu rapide. Comme le niveau de l’eau n’était pas très haut, c’était plutôt facile.
Comme le fond du wadi est recouvert de cailloux, beaucoup de randonneurs choisissent de porter des chaussures d’eau : personnellement, j’ai gardé mes chaussures de trail car j’avais trop peur de tomber (j’ai deux pieds gauches !), mais Monsieur l’a fait quant à lui en chaussures d’eau (non dérapantes) et ça n’a pas été compliqué non plus ! J’avais peur que l’eau rende la marche assez inconfortable en chaussures de randonnée, mais comme l’eau est bien chaude grâce aux sources chaudes qui se jettent dans le wadi, j’ai au final trouvé ça beaucoup plus confortable que ce à quoi je m’attendais !
La randonnée aller-retour (jusqu’au point de non-retour, la chute d’eau) se fait en 2 à 3 heures. Nous l’avons fait plutôt en 3 heures, car je n’arrêtais pas de faire des photos tant le cadre est splendide ! On en prend vraiment plein les yeux dès le départ. Je ne sais pas si les photos rendent vraiment justice à cet endroit, car c’est l’une des plus belles randonnées que j’ai fait de toute ma vie…
Plus on avance, plus le canyon devient étroit, et encore plus scénique. Et cerise sur le gateau, malgré la beauté de ce wadi, il est encore relativement peu connu, ce qui fait que nous n’y avons croisé que quelques personnes. Bref, vraiment à ne pas manquer !
D’autres wadis à découvrir en Jordanie
Voici les deux alternatives les plus populaires pour randonner dans un wadi, pour les personnes encore plus aventureuses :
- Wadi Mujib : c’est probablement le wadi le plus connu de Jordanie. Ce wadi qui se jette dans la mer Morte est uniquement ouvert durant l’été (en général d’avril à octobre), car il nécessite de savoir nager, et il y a aussi plus d’obstacles à franchir. Son accès est payant et il est apparemment souvent très fréquenté.
- Wadi Ghuweir : celui avec lequel nous avions le plus hésité. Son principal désavantage est que son accès est plus compliqué (à la fois en voiture, et randonnée plus longue pour arriver dans la plus belle partie). Il y a apparemment quelques tronçons un peu plus délicats à franchir.
Texte et photos : Emmanuelle Hubert et Kevin Berger