Visiter la DMZ depuis Séoul : à la frontière des deux Corées

Vous avez envie d’en apprendre plus sur l’histoire du conflit entre la Corée du Nord et la Corée du Sud ? Vous êtes curieux de découvrir, même de loin, l’un des pays les plus fermés au monde ? Alors je vous recommande de participer à l’une des excursions organisées vers la DMZ (zone démilitarisée) au départ de Séoul. Cette visite unique et très intéressante vous emmènera sur l’une des frontières les plus tendues du monde, avec au programme des vestiges de guerre, un point d’observation sur la Corée du Nord et même un tunnel secret. Dans cet article, je vous partage mon expérience ainsi que toutes les informations pratiques pour visiter la DMZ en excursion depuis Séoul.

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La DMZ, c’est quoi ?

La DMZ (Demilitarized Zone, soit zone démilitarisée en français) est une bande de terre de 4 km de large et de 250 km de long qui sépare la Corée du Nord et la Corée du Sud depuis la signature de l’armistice de la Guerre de Corée en 1953. Contrairement à ce que son nom semble laisser entendre, cette zone est en réalité très militarisée, avec des milliers de soldats postés des deux côtés de la frontière.

Cette zone a été créée pour servir de tampon entre les deux Corées, dont les relations sont toujours très tendues. Les deux s’y surveillent, s’affrontent sur qui aura le drapeau le plus haut ou qui passera sa musique le plus fort (quelques-unes des anecdotes que vous découvrirez durant la visite).

Il va sans dire que la visite de celle-ci est très encadrée, même si elle ne présente pas de risque particulier. Il est par exemple interdit de filmer ou de prendre en photos les infrastructures militaires de Corée du Sud. Vous pouvez par contre prendre en photo la Corée du Nord (évidemment, puisque c’est la Corée du Sud qui organise l’excursion !). 

Cette excursion est devenue encore plus populaire suite au succès de la série coréenne de K-Drama « Crash Landing on You ». Je vous recommande d’ailleurs de voir cette série avant votre voyage si ce n’est pas encore fait. C’est beaucoup plus qualitatif et émouvant que le titre le laisse présager, et surtout ça permet de mieux se rend compte de l’impact humain que le conflit a sur les populations des deux côtés.

Comment visiter la DMZ ? 

Étant la frontière d’un des plus grands conflits géo-politiques actuels, vous comprendrez aisément que la visite de la DMZ est très encadrée, et qu’il est impossible de la visiter en individuel.

Jusqu’à il y a quelques années, il existait différentes options de visites organisées, dont la plus complète, en un jour, permettait de découvrir davantage l’intérieur de la DMZ (avec la visite de la JSA – Joint Security Area). Cependant, ces tours approfondis ont été suspendus indéfiniment suite à la fuite de « touristes » vers le Nord durant les visites… Et vu que le conflit n’évolue pas vraiment dans le sens positif, les chances que ces visites reprennent prochainement sont très faibles.

Aujourd’hui, toutes les compagnies autorisées à mener des tours dans la zone proposent donc grosso modo la même visite. Ce qui va essentiellement changer d’une compagnie à l’autre, c’est l’heure de départ et la qualité du guide. L’itinéraire sur place est orchestré littéralement militairement en fonction de l’heure d’arrivée, qui déterminera l’ordre de passage aux différents arrêts prévus au programme. À chaque endroit, le temps est chronométré, et aucune compagnie n’a de passe-droit, toutes sont à la même enseigne.

Il faut cependant noter que ces excursions ne rentrent en réalité presque pas dans la DMZ et que l’essentiel des visites se font dans la Civilian Control Zone (CCZ) ou Civilian Control Line (CCL), qui est une zone tampon additionnelle (la « zone tampon de la zone tampon ») qui se trouve au sud de la DMZ. Les trois arrêts principaux de la visite sont le « Bridge of Freedom », le « Dora Observatory » (point de vue sur la Corée du Nord), et enfin le « 3rd Infiltration Tunnel », un des tunnels construits par la Corée du Nord pour infiltrer la Corée du Sud. C’est uniquement en descendant dans ce tunnel que vous vous trouverez vraiment dans la zone de la DMZ.

La durée de l’excursion peut varier un peu en fonction du trafic de Séoul et du nombre d’autobus présents sur place ce jour-là. Mais vu les créneaux imposés actuellement, toutes les compagnies partent de Séoul typiquement très tôt le matin. 

Je vous recommande de réserver votre visite un peu à l’avance, surtout si vous voulez être avec une bonne compagnie (= avec un guide qui parle un bon anglais, ils semblent peu nombreux !). On a eu un très bon guide avec VIP Travel, réservable facilement via GetYourGuide ici. Vous verrez que c’est l’un des tours les mieux notés, aussi car contrairement à d’autres, il n’inclut pas d’arrêts shopping forcés sur la route. Et le bus était très confortable.

En pratique, le plus important à retenir est que vous ne pourrez pas faire la visite si vous n’avez pas votre passeport avec vous (pas une copie, votre vrai passeport). Il y a plusieurs contrôles d’identité durant la visite, et votre guide ne vous laissera pas quitter Séoul si vous ne l’avez pas avec vous.

Voir les tarifs et réserver une excursion DMZ en ligne.

Parcours détaillé de l’excursion classique depuis Séoul

Pour vous donner une meilleure idée du déroulement d’une excursion classique vers la DMZ au départ de Séoul, voici un petit résumé étape par étape de mon expérience. Notre guide a été parfaite pour optimiser le temps (ultra-réglementé) sur place. Elle avait un très bon niveau d’anglais (le meilleur qu’on ait entendu en Corée !), c’est loin d’être toujours le cas en Corée ! Elle a aussi réussi à expliquer assez simplement l’histoire des tensions politiques entre les deux côtés du pays, avec un côté un peu personnel puisque sa grand-mère était nord-coréenne. 

Même s’il est assez étonnant de voir de telles infrastructures touristiques à la frontière des deux pays, l’expérience en elle-même est plutôt fascinante, et assez bizarre, avec une propagande sud-coréenne qui essaie d’encourager la réunification (comme on peut le voir également dans la série « Crash Landing on You »). Mais c’est le plus proche que vous pourrez être de la Corée du Sud sans démarche particulière, alors si le sujet vous intrigue, c’est à faire.

Bridge of Freedom

Après avoir retrouvé notre bus dans le centre de Séoul, nous voici partis alors qu’il fait encore nuit en direction de la DMZ. Il y a relativement peu de monde à notre arrivée et les contrôles ne prennent pas trop de temps. Notre ordre de passage est assigné, et nous commencerons donc par le Bridge of Freedom, le « Pont de la Liberté », utilisé pendant la guerre de Corée pour échanger les prisonniers entre les deux côtés. Ici, vous aurez droit à une petite visite guidée mais aussi à un peu de temps libre.

À côté du pont a été construit a été construit une sorte de centre de visiteurs (Imjingak Pyeonghoa-Nuri Park), où on peut voir une brève exposition et où il y a plusieurs petits restaurants pour manger (même si il n’y a pas vraiment le temps pour ça, et de toute façon le seul snack qu’on a goûté n’était pas bon).

Tout autour, vous pourrez aussi découvrir plusieurs monuments commémoratifs, ainsi qu’un bureau de change un peu spécial puisqu’il s’agit d’un des seuls endroits au monde où l’on peut se procurer de la monnaie nord-coréenne. Monnaie qui ne vaut quasiment rien, ils sont donc venus à des prix supérieurs à leurs valeurs réelles, mais c’est un souvenir assez original de Corée.

Il vous faudra payer sur place un petit supplément pour pouvoir aller sur le pont, mais quitte à être là, autant le faire. C’est aussi intéressant de voir à quel point la nature a repris ses droits. 

L’observatoire de Dora

Nous avons ensuite repris brièvement le bus en direction de l’endroit que j’ai finalement trouvé le plus intéressant du parcours : l’observatoire de Dora (Dora Observatory). Cet observatoire, récemment modernisé, offre une opportunité unique d’observer la Corée du Nord, grâce à des jumelles.

On a eu énormément de chance d’avoir une météo bien dégagée, ce qui nous a permis de pouvoir particulièrement bien observer la vie en Corée du Nord : ce genre de météo n’arrive qu’une fois par an, d’après notre guide (pour info, c’était en novembre). On a pu observer des nord-coréens à vélo, des soldats,… 

L’observatoire est bien situé car il permet d’observer à la fois une grande ville, un village et une « fausse ville modèle », qui n’est en réalité pas habitée mais qui est l’image que les nord-coréens veulent donner puisque c’est juste en face de l’observatoire… Le drapeau nord coréen que l’on peut voir voler au dessus de celui-ci est d’ailleurs au Guinness Book des Records comme « tallest supported flagpole« . Ca a été une vraie bataille entre les deux côtés qui n’arrêtaient pas de mettre des drapeaux toujours plus hauts que l’autre partie. Finalement, le Sud a laissé tomber quand le Nord a sorti un drapeau de 160 mètres de haut ! Et d’après notre guide, le faux village modèle nord-coréen passe des chants nord-coréens dans ses haut-parleurs, ce à quoi la Corée du Sud répond avec… des chansons de K-Pop ! 

Sur place, vous trouverez aussi un restaurant entouré de barbelés avec une carte américaine (on y a pris un hot dog) et la même vue sur la Corée du Nord. Sans doute l’un des endroits les plus étranges que j’ai vu…

Third Tunnel (Troisième tunnel d’infiltration)

Le dernier arrêt est le seul qui permet de réellement passer dans la zone DMZ elle-même : après un peu plus de route, nous arrivons au Troisième Tunnel d’Infiltration, l’un des tunnels creusés par les nord-coréens pour espionner la Corée du Sud (même si eux n’ont pas la même version, évidemment).

La visite est précédée par une petite vidéo de « propagande » sud-coréenne prônant un rassemblement des deux côtés. A nouveau, c’est assez particulier comme atmosphère. Après les explications et consignes à respecter données par la guide, on s’équipe d’un casque avant de descendre individuellement dans le tunnel. C’est bien pentu, mais ça reste facilement faisable, et l’expérience en vaut la peine. Malheureusement, on ne peut pas prendre de photo à l’intérieur du tunnel.

A côté du tunnel a été installé un petit parc avec différentes « opportunités photos » (encore une fois, vraiment bizarre) et où les couleurs étaient magnifiques en automne.

Village de la Civilian Control Line

Enfin, avant de repartir, nous nous arrêtons brièvement dans l’un des villages de la Civilian Control Line, où a été aménagé un petit magasin où l’on peut se procurer différents produits des villages de la DMZ, dont la spécialité est le soja. Les pancakes aux graines de soja et la glace au soja étaient très bons ! 

Le trajet retour vers Séoul a été fluide et nous sommes rentrés en ville en début d’après-midi. 

 

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Texte et photos : Emmanuelle Hubert et Kevin Berger

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