La Vallée du Drâa, entre palmeraies et kasbahs

Entre Ouarzazate et Zagora, au sud du Maroc, s’étend la plus belle partie de la Vallée du Drâa. Encore très peu touristique, cette région offre des paysages à couper le souffle, faits de grandes étendues désertiques entrecoupées de palmeraies et parsemées de 1001 kasbah. Après avoir remonté l’Oued Drâa depuis Tagounite (l’une des portes d’entrée du désert du Sahara), nous avons passé deux jours de rêve dans ce petit coin préservé du Maroc, littéralement seuls au monde en plein hiver. Dans cet article, je partage avec vous quelques-unes de mes meilleures adresses et découvertes de ce roadtrip marocain !

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La Vallée du Drâa en pratique

Ce que l’on appelle la Vallée du Drâa désigne la partie la plus verte du Drâa, soit la zone qui se trouve entre Zagora et Agdz, au sud de Ouarzazate. L’attrait principal de la région, ce sont pour moi ses hébergements de charme, perdus au cœur de petits villages préservés.

C’est d’ailleurs la raison qui nous a poussé à y passer deux nuits : je n’arrivais pas à choisir où dormir, et j’avais vraiment envie de tester les deux adresses dont je vais vous parler ci-dessous (et, spoiler alert, ce fut deux énormes coups de cœur donc aucun regret !). Je dois aussi dire que ce rythme plus lent était le bienvenu après deux longues journées dans le désert, à l’Erg Chebbi et à l’Erg Chigaga. Mais si vous n’avez pas le temps d’y consacrer plus d’une nuit, vous verrez qu’une journée suffit déjà amplement pour parcourir la vallée et ses points d’intérêt.

Par contre, profitez du calme de cette vallée tant qu’on le peut encore : nous avons vu de nombreuses kashah et autres bâtiments anciens en train d’être retapés. Je suis prête à parier que dans 10 ans, toute cette région sera très certainement fort différente !

Ci-dessous, je vous propose de découvrir nos différents arrêts  chronologiques dans la Vallée du Drâa, depuis Zagora jusqu’à Ouarzazate (à laquelle je consacrerai un article dédié).

Zagora et le Riad Dar Sofian : mon restaurant coup de cœur

Notre découverte de la Vallée du Drâa commence à Zagora, où nous décidons de nous arrêter pour tester le restaurant du Riad Dar Sofian, dont j’avais entendu le plus grand bien. Quelle bonne idée ! Nous y avons mangé ce qui fut le meilleur repas de tout ce voyage, et probablement de tous mes voyages au Maroc !

Ce riad (où on peut aussi passer la nuit) propose non seulement la plupart des grandes spécialités marocaines, mais aussi une belle sélection de spécialités locales que l’on trouve difficilement ailleurs. D’ailleurs, une partie ne sont disponibles que sur réservation préalable (pastilla de pigeon, méchoui berbère, tagine de dromadaire, Rfissa,…), donc n’hésitez pas à les appeler à l’avance si vous voulez goûter ces spécialités. Mention spéciale pour leur tagine de pruneaux aux amandes et, en dessert, leur tarte aux dattes de Zagora. On fait difficilement plus local !

Dormir dans une kasbah authentique à la Kasbah Oulad Othmane

Après ce délicieux lunch, nous avons repris la route jusqu’à notre premier hôtel de cette escapade dans la Vallée du Drâa, la Kasbah Oulad Othmane, que j’avais repérée notamment pour sa piscine plutôt scénique comme vous allez le voir. Cette kasbah authentique a été restaurée avec goût et le rapport qualité-prix qu’elle offre est vraiment incroyable. On se trouve ici dans un ancien bâtiment seigneurial du 15ème siècle, entièrement restauré jusqu’en 2008.

Nous étions les seuls clients ce soir-là et le patron nous a directement accueillis très chaleureusement, avec un thé d’accueil que nous avons pris depuis la terrasse sur le toit, qui offre une vue incroyable sur la palmeraie et sur le petit village en pisé. Nous avons ensuite découvert notre chambre, confortable et joliment décorée. 

Charmés par le cadre, nous avons décidé d’y passer le reste de la journée, à en découvrir les moindres recoins. Le coucher du soleil (avec un arc-en-ciel en prime !) ne nous a pas déçu…

Le soir, nous avons mangé sur place un couscous maison excellent, et nous avons terminé la soirée… en aidant le patron à acheter des panneaux photovoltaïques sur internet ! C’était assez incongru mais c’est le genre de rencontres que j’aime faire en voyage ! 

Le lendemain matin, le petit-déjeuner typique était tout aussi bon, avec au menu de l’omelette berbère, msemmen et thé à la menthe. Avec toujours cet endroit de fou pour nous tous seuls !

Voir plus de photos et les tarifs actuels ici.

Balade dans la palmeraie

Pour nous remercier pour notre aide la veille, le propriétaire de la kasbah nous a proposé d’aller faire un petit tour dans la palmeraie avec lui ce matin-là, avant de poursuivre notre route. La palmeraie qui fait face à la kasbah est vraiment très belle, et c’est vrai que c’était bien mieux d’y être accompagné car c’est assez labyrinthique !

Cela nous a aussi permis d’apprendre plein de choses sur la vie locale, et notamment d’être sensibilisés à la problématique de la sécheresse, qui semble s’accentuer ces dernières années. Même s’ils sont très ingénieux pour vivre dans une région aussi aride, ils puisent constamment dans la nappe phréatique pour leurs plantations, ce qui rend l’avenir de la palmeraie incertain, surtout que celle-ci reçoit de moins en moins de pluie.

Repas bucolique à l’Ecolodge du Draa

Après cette balade tout aussi scénique qu’intéressante, nous avons décidé de manger dans la palmeraie, dans les jardins de La Ferme Ecolodge (Ecolodge du Draa), qui se trouve juste en face de la kasbah (et où il est d’ailleurs aussi possible de passer la nuit). Thé aux herbes du jardin, table ombragée avec vue sur la kasbah et entourée par les palmiers : un bonheur tout simple !

La Kasbah Hnini : le renouveau de la Vallée du Drâa

Pour notre deuxième nuit, je voulais tester une nouvelle adresse qui venait d’ouvrir lors de notre voyage, la Kasbah Hnini. Beaucoup plus haute gamme, celle-ci symbolise pour moi le renouveau de la Vallée du Drâa, où ce genre d’adresses devraient se multiplier dans les prochaines années.

À part quelques couacs niveau service qui s’expliquent sans doute par des habitudes encore à prendre juste après l’ouverture, l’endroit charme tout de même par son côté très romantique, avec une décoration très soignée (mais si d’autres détails le sont moins, comme la baignoire qui a déjà quelques soucis). Nous avions réservé la chambre la moins chère, et nous avons eu un bel upgrade dans une chambre avec un grand lit à baldaquin et une vue paisible sur le petit jardin intérieur. 

L’emplacement de l’hôtel reste tout de même assez particulier, car il se trouve dans un village qui semble quasiment à l’abandon. Ca fait tout de même bizarre de voir un tel « luxe » juste à côté d’une telle pauvreté (mais n’oublions pas que le tourisme peut aider à ce que de telles régions se développent).

De l’autre côté, la Kasbah Hnini fait face à une grande palmeraie. C’est évidemment de ce côté qu’ont été installés la plupart des grands espaces communs extérieurs, notamment une splendide piscine. J’ai juste trouvé dommage qu’en hiver, la piscine soit à l’ombre quasiment toute la journée (mais j’imagine que ça permet de garder un peu de fraîcheur en été). La lumière en début est fin de journée y est par contre splendide, et j’y ai pris quelques-unes de mes photos préférées de ce voyage !

Voir plus de photos et les tarifs actuels ici.

Par contre, on a trouvé les prix de leur restaurant beaucoup trop chers (un couscous à 25€ par personne, c’est au moins le double du prix d’ailleurs et même plus cher que ce qu’on paie en Belgique !) : nous avons donc décidé d’aller manger ailleurs. Ca s’est révélé un peu plus difficile que prévu de trouver autre chose d’ouvert, mais on a finalement trouvé notre bonheur dans un endroit insolite : une station d’essence (Afriquia) ! Nous avons payé 7€ pour une tagine pour deux qui était très bonne : voilà le vrai prix pour bien manger dans le coin !

Le petit-déjeuner (compris) à la kasbah était quant à lui bon, sans être le meilleur du voyage.

Visite de la Kasbah des Caids à Tamnougalt

Le lendemain matin, nous avons repris la route en direction de Ouarzazate, avec un premier arrêt à la Kasbah des Caids à Tamnougalt, une ancienne kasbah du 16ème siècle qui se trouvait autrefois sur la route des épices, et qui est aujourd’hui l’une des principales visites à faire dans la Vallée du Draa.

Celle-ci se trouve au centre d’un petit village typique, mais encore une fois, ça a été une bonne galère pour trouver la « vraie » kasbah, tant on essaie de vous attirer vers des endroits qui ne le sont pas. Heureusement, je crois qu’on a cette fois-ci trouvé l’astuce : nous avons demandé la bonne direction à l’Auberge Chez Jacob, après avoir pris le thé là-bas (un échange win-win pour eux donc). Ca a si bien fonctionné que la personne qui nous a servi le thé m’a même amenée jusqu’à la bonne entrée pour leur dire que j’allais faire la visite sans guide (pour qu’ils n’essaient pas de me forcer à en prendre un non plus).

Comme on avait déjà fait la visite guidée d’une autre kasbah, je ne trouvais pas nécessaire de reprendre un guide ici, car les explications sont souvent similaires d’un endroit à un autre. C’était un peu labyrinthique mais je m’y suis bien retrouvée et j’ai même trouvé ça encore plus chouette de l’explorer à mon rythme.

Rendez-vous manqué à Agdz

Direction ensuite Adgz, un village qui abrite plein de petites adresses de charme. Pour le lunch, j’avais pensé aller manger dans une des autres adresses où j’avais hésité à séjourner (mais il fallait bien faire un choix !), le Dar Qamar à Agdz. Pas de bol, on y a trouvé porte close (après avoir essayé de les appeler en vain), probablement parce qu’ils n’avaient pas de clients. Vraiment dommage, car cet endroit avait l’air splendide aussi ! Après avoir essayé deux autres adresses avec le même résultat, on a fini par abandonner pour aller manger à la place à Ouarzazate. Et au final, tant mieux car on y a mangé le deuxième meilleur repas de ce voyage – je vous en reparlerai dans mon article dédié à Ouarzazate.

Sur la route de Ouarzazate

En attendant, je vous laisse avec quelques photos du dernier portion de la route vers Ouarzazate. Après Adgz, la vallée devient à nouveau moins verte et c’est une route très désertique (mais tout aussi splendide) qui nous ramène vers notre dernière étape de ce voyage.

Texte et photos : Emmanuelle Hubert et Kevin Berger