Après un premier arrêt à la Palmeraie de Skoura, nous continuons notre roadtrip dans le sud du Maroc et plus précisément sur la Route des Mille Kasbah avec l’étape qui allait être la plus riche en péripéties, de la Vallée des Roses aux Gorges du Dadès. Les longues étendues désertiques font rapidement place à des routes montagneuses ultra-scéniques. On en prend à nouveau plein les yeux… mais ça a bien failli mal se terminer ! Découvrez dans cet article pourquoi je suis passée du rire aux larmes dans cette étape qui a mis mes nerfs à rude épreuve…
Disclaimer : cet article peut contenir des liens affiliés. En réservant via ceux-ci, vous ne payerez pas plus cher mais je toucherai une petite commission qui me permettra de continuer à développer ce blog.
La route panoramique de la Vallée des Roses
Après avoir passé la matinée à Skoura, nous décidons d’explorer la Vallée des Roses avant de poursuivre en direction de notre étape du jour, les Gorges du Dadès. La Vallée des Roses s’explore grâce à une incroyable route panoramique en cul-de-sac (et ce même si ce n’est pas la saison des roses) : il s’agit donc d’un bon détour, mais vous n’êtes pas obligés d’aller jusqu’au bout pour déjà en prendre plein les yeux.
Après à peine quelques minutes, nous arrivons déjà à l’un des plus beaux points de vue de cette route secondaire, à côté de la Kasbah Itran. Waw ! On aurait bien aimé y prendre notre lunch pour profiter encore plus de la vue mais dommage, pas possible en cette basse saison.
On continue donc notre route, entourée de montagnes aux tons vifs, qui ne sont pas sans me rappeler (architecture mise à part) l’Ouest américain. Plus on avance dans la vallée, plus je regrette de ne pas avoir prévu d’y passer la nuit (mais il fallait bien faire des choix !).
On réessaie de trouver de quoi manger en bifurquant jusqu’au petit hôtel où j’avais bien failli réserver, le Dar Timitar. La vue y est encore plus grandiose ! À notre arrivée, on tombe sur le patron qui nous dit que, même s’il est fermé faute de clients, il nous servira avec plaisir un thé. Vive l’accueil marocain ! Je crois que j’ai rarement pris un thé dans un cadre aussi magique, je vous laisse admirer…
Je serais bien restée des heures à profiter de la vue, mais nous décidons finalement de continuer encore un peu plus loin dans la vallée, sur une route qui devient de plus en plus folle, entourée de paysages de roches roses-orangées. Nous décidons finalement de rebrousser chemin à Bou Tharar, car une longue rouge nous attend encore jusqu’à notre étape du jour.
Aventures… et mésaventures dans les Gorges du Dadès
C’est donc toujours sans avoir mangé (gloups !) que nous prenons enfin la direction des Gorges du Dadès, qui sont parmi les plus célèbres du Maroc. Longues de 25 kilomètres, ces gorges forment également une route en cul-de-sac, sauf si vous avez un 4×4 (auquel cas vous pouvez parcourir la R704 dans son ensemble). Avec une voiture normale, on accède aux Gorges du Dadès par Boumalne Dadès, la petite ville située à l’entrée des gorges.
Si le début des gorges est assez habité, plus on avance, plus les habitations se font rares et plus les paysages se font désertiques.
Ambiance 1001 Nuits à l’Hotel Riad Bahammou
Notre hébergement du jour se trouve dans la zone centrale des Gorges de Dadès, où se trouvent la plupart des hébergements touristiques (même si cela reste encore une région relativement peu touristique).
Ce fut l’un des hébergements les moins chers de ce voyage… et pourtant quel bon choix ! Je pense que j’ai rarement logé dans un hôtel avec un aussi bon rapport qualité-prix, surtout avec un tel accueil. L’Hôtel Riad Bahammou est tenu par un père et son fils, tous les deux très sympathiques. Le père a pas mal voyagé avant d’ouvrir son hôtel et ça se sent. On s’y est tout de suite sentis très à l’aise !
Même s’il s’agit d’un hôtel familial, les lieux sont grandioses, on dirait un petit palais des 1001 Nuits… avec un côté montagnard ! Il faut dire qu’ici, les nuits sont fraîches. D’ailleurs, comme nous dira le patron, c’est la destination parfaite si vous venez au Maroc en été, car il y fait toujours plus frais. En janvier, on est bien content d’avoir du chauffage et de bonnes couches de vêtements malgré tout ! Dommage, c’est raté pour profiter de la piscine (non chauffée, oups) mais quelle vue… Et je ne vous dis pas le spectacle que c’est de nuit également, avec un ciel étoilé qui était tout simplement incroyable.
Et si on avait déjà payé très peu cher pour la nuit, cette étape s’est révelée être encore moins chère que prévu puisque… après avoir beaucoup papoté, les propriétaires ont insisté pour nous offrir le repas du soir ! Ils nous ont même offert une bouteille de vin marocain (c’était la première fois que j’en goûtais !) pour s’excuser d’un potentiel problème d’eau chaude… alors que finalement on a bien pu prendre chacun une douche bien chaude ! Bref, c’est sans doute l’avantage d’y voyager en plein mois de janvier, mais ce fut avant tout une très belle rencontre humaine.
Oh, et je ne vous parle même pas du petit-déjeuner, avec notamment une omelette berbère qui fut (de très loin !) la meilleure de tout notre voyage. Comme on a pu le voir, le patron est très fier de sa cuisinière, et il peut !
Clairement, l’accueil dans les gorges est encore plus authentique et chaleureux qu’ailleurs. Nous en avons d’ailleurs également discuté avec le duo père et fils, et ils nous ont confirmé qu’on retrouvait bien ici une mentalité plus « insulaire », différente du reste de la région, qui peut s’expliquer par le fait qu’ils sont pas mal coupés du monde, du fait de la longue route qu’il faut faire pour arriver ici. D’ailleurs ici, personne ne ferme sa voiture ! C’est une facette du Maroc qu’on ne s’imagine peut-être pas, et pourtant, elle existe bien…
Voir plus de photos et les tarifs actuels du Riad Bahammou ici.
La route panoramique des Gorges de Dadès
Après une bonne nuit dans un cadre de rêve, c’est l’heure d’aller parcourir le plus beau tronçon des gorges, qu’on aperçoit déjà au loin depuis l’hôtel. Et c’est l’heure d’un petit « Instagram vs. réalité », puisque la route en épingle et la route étroite entourée par les gorges, qu’on voit partout pour illustrer les Gorges de Dadès, ne représentent en réalité que quelques centaines de mètres à peine sur les 25 km de gorges ! Certes, le reste de la route est aussi scénique, mais cela m’a tout de même fait sourire.
En tout cas, on peut dire que le Café-restaurant Timzzillite Chez Mohamed, installé au sommet de la fameuse route en épingles, a trouvé le bon endroit pour s’installer. Obligé de s’arrêter boire un thé (un peu hors de prix) ici pour admirer la vue.
Après avoir tout de même continué encore quelques kilomètres, nous faisons demi-tour (avant d’arriver à la route 4×4) pour une dernière visite dans ces gorges, près de notre hôtel…
Le Canyon des Doigts de Singe : une mise en garde
Le Canyon des Doigts de Singe (Monkey Finger Canyon), c’est l’autre endroit le plus connu des Gorges du Dadès. Beaucoup de touristes choisissent de juste s’arrêter au point de vue le long de la route principale, qui permet d’admirer ces formations rocheuses insolites formant (il faut quand même avoir l’esprit imaginatif) des sortes de doigts de singe. Ca m’a trop rappelé Moab en Utah ! Et on aurait peut-être du se contenter ce point de vue… Car ce canyon nous a donné de grosses sueurs !
C’est sur YouTube que j’avais repéré la randonnée au coeur du Canyon des Doigts de Singe. Mais c’est si peu fréquenté que j’avais eu du mal à vraiment récolter plus d’informations détaillées sur celle-ci (à part cet itinéraire qui nous permettait de situer grosso modo l’entrée du canyon).
Pour Monsieur, ce fut le « meilleur » moment de son voyage (mais je crois qu’il a oublié sa propre crise de panique). Personnellement, je ne vous recommande pas cette aventure, dont je suis revenue couverte de bleus, et ça aurait pu être pire… Oui, c’est superbe, mais c’est aussi trop dangeureux, et ce même avec un guide. Vous allez comprendre (et ce même si je sais que je recevrai des messages du type « tu n’as jamais rien vu ». Si, et justement ma vie me tient trop à coeur pour la gâcher en prenant à l’avenir ce genre de risques inutiles, mais chacun son truc et je le respecte).
Pourtant, ça avait bien commencé puisque mes recherches m’avaient permis de trouver directement le bon chemin (qui n’est pas du tout indiqué). Après 10 petites minutes de marche depuis la route principale, on entre directement dans un canyon très étroit. N’importe où ailleurs, ce genre d’endroit serait bondé (et aménagé pour les touristes) tellement c’est beau (c’est quasi du même niveau qu’Antelope Canyon) : pas ici !
Mais c’est justement ça le problème : il n’y a aucune infrastructure pour aider la progression. Et puis surtout, comme on allait le découvrir… en cas de pépin, il n’y a aucun réseau téléphonique !
J’avais trouvé plusieurs articles, dont celui d’une autre blogueuse anglophone (sur laquelle je n’arrive plus à retomber) qui disait de manière honnête avoir passé sur ce sentier des heures de stress absolu avec plusieurs crises de larme. Je m’étais dit (franchement, je ne sais pas pourquoi) qu’elle exagérait sans doute et que ça devait être faisable… Sauf qu’au final : j’ai eu EXACTEMENT la même expérience qu’elle.
Il faut savoir que des « guides » (des locaux qui attendent – parfois – les touristes à l’entrée) se proposent de vous accompagner pour quelques sous pour vous montrer le « bon » chemin (à savoir que le tracé maps.me ne sert à rien une fois dedans, car il faut monter/descendre à des endroits souvent cachés sinon on est vite bloqués). On a dit non et sans regret à ce niveau-là, car je pense qu’avec un guide (qui nous aurait sans doute pressé), ça aurait pu être encore pire. Car le bon chemin d’après eux n’est pas forcément le moins dangereux.
On a justement croisé un deuxième couple, qui étaient eux accompagnés d’un guide, à l’un des endroits les plus casse gueule du chemin, qu’on a de notre côté mis 20 minutes à passer de manière safe, là où leur guide les a fait littéralement sauter au dessus du vide (et pas qu’un petit saut !) au pas de course. Un pas de travers, et c’était une jambe cassée au mieux. Si j’avais du écouter les « conseils » d’un guide, dieu sait ce qu’il me serait arrivé, avec mes deux pieds gauches !
Mon conseil si vous comptez tout de même y aller : arrêtez-vous après les 20 premières minutes de marche dans le canyon. C’est la durée durant laquelle je me suis dite que c’était moins pire que ce que je pensais… après ça, ça s’est vite empiré ! A chaque obstacle, plus délicat à franchir que le précédent, je me disais que ça serait bête d’abandonner maintenant. Car sur papier, il était sensé y avoir un sentier à la fin du canyon qui permettait d’éviter de revenir sur nos pas dans le canyon pour revenir au point de départ. Sauf que… nous n’avons jamais réussi à arriver à la fin du canyon (et ce même si nous avons eu droit à un « guide chien » qui nous a suivi sur une bonne partie du chemin !).
Quand j’ai compris qu’après tous ces efforts, on allait tout de même devoir tout refranchir dans l’autre sens… j’ai fait une crise d’angoisse. Rapidement, je n’étais plus la seule à paniquer, car le soleil commençait déjà à descendre, on avait pas de réseau, on n’avait fait qu’un tiers du chemin que nous indiquait maps.me, et on arrivait plus à trouver par où passer ! Deux options face à nous : un mur de 5 mètres de haut avec deux malheureuses « marches », ou un couloir de 20-30 cm de large, quasi infranchissable sans risquer de rester calé (et pas possible de refaire un remake de « 127 Heures »…). C’est là qu’on a dit stop et qu’on a pris la sage décision de faire demi-tour.
On est revenus trempés (on a du traverser deux fois de l’eau), remplis de terre (on a du ramper) et pour moi remplie de griffes et de bleus. Mais on est revenu en un seul morceau, et ça c’est le principal après avoir pris autant de risque par inconscience.
Bref, c’est éreintés que nous retrouvons enfin notre voiture, pour poursuivre jusqu’à notre étape du soir : les Gorges du Todra.
Pour les plus aventureux, je vous laisse tout de même le lien vers une sortie en groupe dans ce fameux canyon. Cela vous permettra de voir les autres avis que le mien dans les commentaires, avant de faire votre choix final !
Texte et photos : Emmanuelle Hubert et Kevin Berger