Vietnam : bref, j’ai pris le train de nuit vers Hué…

Le train de nuit vers Hué, aka la nuit la plus longue de notre voyage… Ce train aura été une telle « épreuve » que j’ai ressenti le besoin d’en faire un article séparé ! Voici donc comment j’ai passé plus de 14 heures dans le train de nuit reliant Hanoï à Hué… et comment j’ai survécu (ou presque)!

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Lors de la préparation de notre voyage en ex-Indochine, j’avais insisté pour faire au moins un trajet en train de nuit! J’ai toujours adoré les voyages en train (à part quand c’est pour aller travailler…) et je n’avais encore jamais eu l’occasion de dormir dans un train. Vu les prix des trains couchettes au Vietnam, c’était l’occasion rêvée !

En plus, notre première expérience en train en Asie (dans le train reliant New Delhi et Agra en Inde) avait été top, alors ça ne me faisait vraiment pas peur… Je vous le dis tout de suite, au final qu’est-ce que je suis heureuse de n’avoir planifié qu’un seul trajet en train dans notre programme. Quelle nuit mes amis !

Tout avait, en fait, déjà commencé mal durant la dernière journée à Hanoï. Je traînais une toux (qui d’après moi était due à la pollution) depuis plusieurs jours, mais ce matin-là, je me suis levée avec un encore plus gros mal de gorge et un peu patraque.

J’avais quand même tenu la journée, en m’achetant une écharpe puis des pastilles pour la gorge dans une pharmacie – étape qui s’est révélée bien plus tard le plus mauvais choix de la journée… (je ne sais pas ce qu’ils mettent dans leurs Strepsil, mais ça m’a cramé la langue et mon angine (oui, c’était ça que je couvrais…) n’a fait qu’empirer jusqu’à ce que je décide d’arrêter les pastilles… hum)

Plus l’après-midi passe, plus je me sens faible, Fred (qui compatis toujours beaucoup…) me dit que je suis juste fatiguée, alors que je pense avoir de la fièvre. Il me tire quand même dans un petit resto manger un dernier banh cuon, où je n’arrive à rien avaler ou presque. Une heure plus tard, nous voici à la gare… avant 2h d’avance.

Le hall de la gare d’Hanoï n’est pas très fun, il fait froid, c’est gris, il y a juste un mini magasin, et moi je commence à me dire que c’est le début d’une très, très longue nuit…

Le problème suivant est de trouver notre train. Notre agent de voyage nous avait fourni les tickets, mais les infos dans la gare ne sont vraiment pas claires et sans l’aide d’une gentille vietnamienne je pense qu’on aurait tourné longtemps avant de savoir où attendre. Finalement, notre train arrive tôt, et on peut monter dedans plus d’une demi-heure avant le départ.

Toute contente, je me dis que je vais peut-être pouvoir m’endormir avant le départ, et que je suis tellement fatiguée que la nuit ne sera peut-être pas si longue que ça ! Ca, c’est ce que je pensais jusqu’à ce que je ne voie le train. Vieux de 50 ans (au minimum, je dirais), les compartiments couchettes n’ont rien à voir avec les photos qu’ils vous vendent dans les agences partout dans la ville. Tout est vieux, vieux, vieux… Je n’ai rien contre le vieillot, mais là, je me demande sérieusement comment ce train arrive encore à enchaîner d’aussi longues distances…

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Nous arrivons dans notre couchette de 4 personnes, on croise les doigts pour tomber sur des gens « propres », c’est tout ce que je demande ! Nous sommes les premiers et nous avons le temps d’observer les minuscules lits dans lesquels on va devoir dormir. Je suis pas grande, et pourtant mes pieds dépassent du matelas. Pour un vietnamien fin et petit (comme ils le sont tous), ça doit aller; pour un européen « normal » ben c’est déjà un peu compliqué.

J’arrive heureusement à caler mon sac en dessous du lit, ce qui libère un peu de place. Nos deux voisines pour la nuit arrivent enfin, il s’agit de jeunes vietnamiennes qui ont l’air vraiment sympas (ouf!). L’une est enceinte, alors Fred lui laisse la couchette du dessous. L’autre parle un peu anglais, elle nous explique notamment qu’elles travaillent à Hanoï pour le gouvernement (comme beaucoup de personnes j’ai l’impression…). 10 minutes plus tard, voici l’arrivée fracassante d’un groupe de français en voyage organisé.

Personne ne rate leur arrivée, vu qu’ils doivent bien gueuler concernant l’état du train pendant 20 bonnes minutes. Je traduis un peu ce qu’ils disent à nos vietnamiennes, qui rigolent bien.

Au même moment, voilà qu’un des français débarque dans notre cabine, nous demandant à nous 4 : « do you speak French? » – chose la plus importante pour un français bien évidemment (chers amis français, je sais que vous n’êtes pas tous comme ça, rassurez-vous, mais ce groupe était vraiment un stéréotype ambulant!). Fred: « Yes ». Le gars: « Ah vous êtes français ». Fred: « non ». Le gars: « vous êtes allemands alors?! ». Fred: « non, on est belge… et oui, on parle français ». Le type, du coup, lâche l’affaire, et s’en va juste après nous avoir demandé « non mais vous avez vu l’état des toilettes? »… Il est vrai, je lui accorde, que les toilettes étaient un peu le pire truc du train. 1 mètre carré, un trou, 3 centimètres d’eau (ou d’autre chose, je veux pas savoir) au sol. Je prie pour ne devoir y aller qu’une fois… Ca aussi, ça n’allait pas vraiment bien se passer…

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Les français sont toujours en train de gesticuler dans tous les sens dans le mini couloir de notre wagon que le train démarre: « non mais Françoise, tu te rends compte, le train il part quand même à l’heure! ». 10 minutes plus tard j’avais compris que la nuit allait être encore plus difficile que ce que je pensais…

Si les voies ferrées sont plutôt bonnes en Inde, apparemment au Vietnam, elles sont loin d’être « faciles »… Imaginez un peu de grosses turbulences dans un avion pendant 14 heures, vous y êtes presque. On est secoué dans tous les sens, ça berce certains (Fred et les vietnamiennes…), et ça en empêche d’autre de dormir (moi et le gars français bavard…). Impossible de trouver une position confortable.

Je me décide de lire, ça m’endors souvent. En vain. Ma gorge me fait de plus en plus mal, et avec toutes ces secousses je pense qu’à minuit je devais déjà avoir affronté les toilettes au moins 4 fois! Génial!

En face de moi, les deux vietnamiennes se sont installées dans la même couchette et semblent avoir toute la place qu’elles veulent. Quelle chance ! Elles m’avaient prévenu qu’elles descendaient deux arrêts avant nous, à 4 heures du matin.

5 pastilles pour la gorge et 20000000 secousses plus tard, les voici qui descendent, Fred dormant toujours comme un bébé au dessus de moi, et le contrôleur fait entrer dans notre cabine une autre vietnamienne qui n’enlèvera même pas son masque avant de s’endormir… Moi je crois que j’ai abandonné.

Surtout qu’à ne pas dormir, je réfléchis beaucoup, et j’ai de plus en plus peur d’un accident, ce qui m’aide encore moins à m’endormir… Ma fièvre est en plus toujours là… Fred, se levant toujours comme les poules, décide 2 heures plus tard de venir s’asseoir sur mon lit. Il regarde le paysage pendant que je fixe le plafond comme un poisson mort !

Faut encore tenir jusqu’à 10h du matin. ENFIN, le contrôleur vient nous dire que le prochain arrêt est le notre. Nous voilà à Hué, ancienne ville impériale. Je l’attendais tellement cet arrêt, là j’ai même du mal à ouvrir les yeux. Et puis j’ai la bouche en feu, Fred regarde, ma gorge est toute blanche: « ah ben oui t’as une belle angine on dirait ».

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Bienvenue à Hué… La prochaine fois, on prendra l’avion ! ;)

La suite de notre voyage à Hué est à découvrir ici, et l’ensemble de notre itinéraire au Vietnam se trouve là.

 

14 réflexions au sujet de “Vietnam : bref, j’ai pris le train de nuit vers Hué…”

  1. Bonjour Emma,

    vraiment interessant ce partage du Vietnam que vous faites !
    J’y suis actuellement pour une duree d’environ 6mois (je vais surement rester un peu plus) et je peux vous assurer que le train … c’est comme les bus : certains sont plus recents mais ils sont tous aussi pleins.

    En achetant au dernier moment, ou en se renseignant aux bonnes personnes, on peut choisir un confort superieur.

    Mais effectivement, les trains ou bus qui ont 50-60ans sont encore frequents … :/

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  2. Bonjour Emma

    Bravo pour votre article, nous avons aussi connu cette situation en bus au Laos . J’ai passé un bon moment à le lire. Actuellement nous sommes à Hue et grâce à votre information, on va prendre le bus où l’avion.

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  3. Bonjour

    Je tombe sur votre article concernant ce voyage en train Hanoï-Hué..et je suis amusée de retrouver exactement les mêmes conditions que celles que nous avons connues en 2008 dans ce train de nuit…Un voyage inénarrable tellement on en a vu de toutes les couleurs !! je reconnais exactement les mêmes situations, le même train encore plus vétuste que le vôtre (je pense qu’ils avaient dû faire quelques aménagements entre les deux dans les compartiments) la clim qu’on ne peut pas régler et qui marche à donf pendant tout le voyage, les soubresauts, les coups de freins, les aiguillages, les arrêts, les toilettes immondes…Bref, on en rigole encore, mais sur le coup, on riait jaune !! Si vous voulez voir mon article, c’est sur mon blog, dans la rubrique carnets de voyages Vietnam-Cambodge…Cordialement, et amitiés aux Belges

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  4. Bonjour,
    Je suis actuellement dans le train de nuit Lao Cai – Hanoï.
    Et bien laisse moi te dire que depuis 2014 rien a changé, ah si ! Les cafards dans les couchettes…
    La nuit va être longue. Encore 5h30 de trajet et je compte bien les passer dehors dans le couloir.

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  5. Coucou,

    En lisant tes chroniques, je me replonge dans mon voyage de 2016.
    Nous avions également pris le train de nuit. Si mon souvenir n’est pas aussi négatif que le tiens, c’est vrai que c’est tout de même épique!
    Je dois dire que tu as eu de la chance au début car la femme t’a renseignée gratuitement… Sur les quais, nos billets en main, un homme a proposé de nous aider. Perso, tout était écrit en anglais « couch » « seat » donc rien de compliqué mais il a insisté. Une fois les bagages posés, j’ai couru aux toilettes pour éviter de devoir y aller une fois que toute le monde aura été (c’était propre, ouf!). En revenant, mon compagnon me dit que l’homme lui a demande 500.000 VND (20€!!!) pour le renseignement. Comme on s’était déjà fait avoir par un tuk tuk le jour-même, il a refusé de donner quoi que ce soit.
    Petite astuce pour les futurs lecteurs : réservez vos billets via le site baolau.com (et à l’avance). Ainsi vous pourrez choisir les couchettes que vous voulez, et voir si les cabines sont déjà prises. Privilégiez les couchettes du bas car celles du haut sont balayées par l’air conditionné.

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